PIERRE PORTE

Octobre 1944 : parmi les fées qui se penchèrent sur le berceau du petit Pierre Porte, il y avait une intruse, Euterpe, la muse de la musique. Mais comme elle était munie elle aussi d’une baguette (de chef d’orchestre), personne n’y prêta attention. Dès lors, forte d’un tel viatique, son existence sera toute entière vouée à la musique. 

Prix de solfège, de piano, d’harmonie, de contrepoint et de fugue, on ne compte plus les distinctions qu’iI a emportées aux conservatoires de Marseille puis de Paris. Nant de solides bases classiques, mais aventurier dans l’âme, il veut goûter à tout. Pas question de n’appartenir qu’à une seule chapelle : sa religion à lui, c’est l’éclectisme. Et son seul objectif, c’est le public… Plaire au plus grand nombre, voilà son credo. Et c’est ainsi qu’il est devenu un compositeur populaire, dans le sens noble du terme.

Touche-à-tout prolifique et joueur dans l’âme, il multiplie les expériences. II habille ainsi de ses notes plus de cent shows télévisés de Maritie et Gilbert Carpentier. II en assure également la direction musicale, comme d’ailleurs il dirige le Grand Orchestre lors des fameux Bon Dimanche de Jacques Martin au Théâtre de l’Empire.

II compose également des chansons pour quelques artistes français réputés, comme Dalida, Marie Laforêt Marcel Amont Thiery Le Luron… II se produit en concert à l’0lyrnpia, au Théâtre des Champs- Elysées et, grand moment de sa carrière, il dirige l’orchestre philharmonique de Nice à l’occasion d’un récital de jazz symphonique d’EIIa Fitzgerald à Salon-de-Provence.

Curieux de tout, il explore ces univers parallèles que sont le théâtre et le cinéma. C’est ainsi qu’iI compose avec Michel Emer la musique de Féfé de Broadway de Jean Poiret aves Jacqueline Maillan. Une telle créativité dans la variété ne pouvait qu’attirer sur lui les regards des réalisateurs de cinéma (Christian-Jaque, Roger Vadim, Yves Boisset, Joseph Losey…) et de téléfilms et séries télévisées (Michel Lang, Claude Barrois, Hervé Baslé…). Et Pierre Porte composera ainsi près d’une trentaine de bandes originales.

Un aspect important de la musique de Piece Porte, c’est sa fantaisie, son dynamisme, sa diversité. C’est typiquement le genre de climat à la fois symphonique, tonique et festif qui convient aux spectacles de music-hall, Après avoir composé les musiques de trois revues présentées aux Folies Bergère.

1977-1992), il écrit pour le mondialement célèbre Moulin Rouge@, les musiques originales des deux dernières revues: Formidable (1988-1999) et Féérie depuis 2000.

Fat d’un formidable bagage professionnel, Pierre Porte se met à bâtir son œuvre. Les disques se succèdent alors à une cadence soutenue. Son imagination est débordante et sa soif de partager est insatiable. 5euI devant son piano, interprétant ses propres mélodies et les plus grands airs du patrimoine français et du répertoire international, il fait le tour du monde. Au Japon, notamment, où sa musique connaît une grande notoriété, il est accueilli et apprécié à l’instar des plus grandes stars.

Pierre Porte a ceci de paradoxal, qu’il n’a jamais été à la mode. Il n’a jamais accepté d’en subir les effets et les diktats. D’ailleurs rien n’est moins « mode » qu’une œuvre. Une œuwe, par essence, c’est quelque chose qui se construit et qui s’installe dans le temps… C’est la raison pour laquelle il aime volontiers citer set aphorisme de Jean Guitton :

« Être dans le vent, c’est une ambition de feuille morte. »

Il n’a jamais été question pour lui de jouer à la feuille morte. Au contraire, c’est un artiste sans cesse en mouvement, attentif au monde qui l’entoure, un instrumentiste curieux d’explorer de nouveaux univers, de se laisser porter par le zéphyr complice de l’inspiration, bref, de se surprendre toujours. Et par là même, de nous surprendre.

Tout en restant en permanence à la portée de tous, il apporte la plus exquise des sensations : l’évasion.

La musique de Piece, c’est une Porte ouverte sur la Liberté